La justice
"La justice est ce qui est établi. Et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées, puisqu'elles sont établies" (Sellier 530)
Dans les liasses au programme, le thème de la justice est récurrent (Fgs 18, 41, 44, 47, 56, , 57, 63, 78, 79, 87, 94); le fragment 56 lui est entièrement consacré. Dans cette première partie des Pensées, Misère de l'homme sans Dieu, Pascal veut interpeller le lecteur et lui faire prendre conscience du fossé qui sépare la justice divine de la justice des hommes : la première repose sur le vrai et la seconde sur l'apparence et de plus elles n'ont pas le même but, la première est de rappeler à l'homme sa place dans l'ordre du monde et de lui donner une leçon d'humilité, Dieu se place du point de vue de l'ordre moral, l'homme ne peut pas se considérer comme le centre du monde, il a des droits mais aussi des devoirs envers son Dieu, la seconde est de maintenir, coûte que coûte la paix civile, elle a pour objet l'ordre social ; la première a pour fondement le vrai, la seconde le mensonge, il faut " piper" les gens ; la première a pour but le bonheur de tous les hommes, la seconde a pour but la satisfaction d'un homme en particulier, ( législateur, souverain) ; la première s'explique par le respect de la liberté de l'homme, la seconde s'explique par la tyrannie d'un seul. La justice de Dieu est donc de toute évidence différente de celle des hommes, il ne faut confondre "jus", la justice humaine, et " justicia" la justice divine" : Dieu est présenté comme un justicier qui a voulu punir les hommes de leur présomption : " je l'ai abandonné à lui" (Fg 139) et sa justice est irrévocable, c'est pourquoi la faute d'Adam se transmet de génération en génération, ce qui heurte la justice humaine et qui conclut que la justice divine "est très injuste" (fg 122) : " qu'y a-t-il de plus contraire à notre misérable justice que de damner éternellement un enfant incapable de volonté pour