La langue des cités
C’est un langage à prendre en considération tout comme le savoyard, le breton ou le corse n’hésitent pas à plaider des spécialistes. Pour d’autres observateurs ce parler est au contraire une machine à exclure supplémentaire qui ne fait que refermer un peu plus le ghetto sur les jeunes des quartiers. Pour tous en tout cas le phénomène existe. Et il faut au moins le respecter, le comprendre et s’en occuper
« “Il m’a rotca”, m’a dit une fille l’autre jour en parlant d’un garçon. J’ai pensé que ça signifiait “Il m’a caroté”, donc “il m’a roulé”. En fait, il lui avait “posé un lapin” ». Il s’agit peut-être d’une association carotte – lapin ? s’amuse Lise Nathanson, coordinatrice du Club du Canal, pour illustrer les néologismes employés par les jeunes avec lesquels l’équipe de prévention travaille. Situé dans le nord-est de Paris et implanté dans un quartier hétéroclite, le Club du Canal 1 couvre des micro-quartiers, « véritables lieux de relégation », une partie plus mixte, avec des problèmes de communication entre les différentes cultures et générations et une partie plus culturelle, peu accessible aux familles de ces jeunes. Le club relève de la protection de l’enfance et de la jeunesse. Il accueille les enfants à partir de 9 ans, les adolescents et les jeunes adultes mais le travail de rue constitue le pilier de son action. La langue des jeunes, codée, a de tout temps existé en opposition à celle des adultes. Les jeunes l’utilisent surtout de façon ludique entre eux, parfois de manière provocante - ou qui peut être ressentie comme telle - envers d’autres générations.
« Aujourd’hui, les jeunes qui emploient « le langage des cités » – scandé, rythmé - sont souvent de nationalité française, issus de l’immigration. Ils parlent français à l’école, la langue de leur pays d’origine chez eux et la langue de la rue avec leurs amis », constate Lise Nathanson. Le passage d’un langage à l’autre n’est pas forcément évident. Ce parlé