Nous disposons de trois extraits de théâtre, couvrant une période de trois siècles. Par conséquent, ils appartiennent à des mouvements littéraires différents. Le discours entre Dom Juan, et Sganarelle, tiré de l'acte V de la pièce Dom Juan écrite par Molière et jouée en 1665, appartient au théâtre classique. Le monologue du mendiant correspond à l'intégralité de la scène 9 de l'acte II d'Electre, pièce jouée en 1937, écrite par Giraudoux, auteur connu pour ses associations entre le genre théâtral et romanesque. Le troisième extrait, où Marguerite accompagne son mari dans sa marche vers la mort, appartient au théâtre de l'absurde. Il s'agit du passage final de la pièce de Ionesco, Le roi se meurt (1963). Nous allons nous demander quels sont les différents choix des auteurs dans ces trois documents pour présenter la mort des personnages au théâtre et comment ces choix s'expliquent.
Dans une première partie, nous verrons comment sont présentés les faits. Dans une seconde partie nous étudierons la signification que les auteurs veulent donner à la mort.

Les trois extraits se différencient d'abord par la manière dont les personnages meurent
Dans le premier extrait, la mort de Dom Juan est présentée de façon surnaturelle. On la décrit comme « le temps avec sa faux à la main » et c'est la foudre qui tue finalement Dom Juan, en s'abattant sur lui. (« Le tonnerre tombe ») . La mort du roi semble aussi surnaturelle. En effet Marguerite sa femme semble le guider entre un chemin qui conduirait du monde de la vie à celui de la mort alors qu'elle est vivante, et au moment où le roi vient à sombrer, il y a une sorte de brume, comme nous l'indiquent les didascalies (v50-55) Dans le second extrait deux personnages meurent : Clytemnestre et Egisthe. Leur mort est rationnelle et réaliste, puisqu'elle résulte du meurtre commis par Oreste. Dans ce second extrait, les détails matériels et moraux sont très nombreux, ce qui en fait une scène très précise. Le mendiant nous décrit par