1 - Dans la préface de l’édition Folio, Y. Bonnefoy dit de Roméo qu'il est un "personnage mélancolique". Cela suffit-il, selon vous, à définir ce personnage ?
La mélancolie: Non pas au sens de la médecine ancienne et de la théorie des humeurs qui voyait dans l'excès de la bile noire (d'où: "être d'une humeur noire") une disposition à la tristesse. Mais plutôt au sens courant: "la mélancolie, amie de la volupté", selon Rousseau; "c'est le bonheur d'être triste" a dit V. Hugo. C'est une tristesse vague et sans cause mais agréable, une des caractéristiques de l'adolescence: "Il vient un moment où toutes les jeunes filles et tous les jeunes garçons tombent dans la mélancolie." (Diderot); voire au sens psychiatrique: pathologie caractérisée par une profonde tristesse… Ses modes d'expression (à quoi se reconnaît-elle dans le langage?): l'oxymore, l'antithèse, l'hyperbole, etc. figures de style par excellence du pétrarquisme, dont une des composantes est la mélancolie. Intérêt dans la constitution du personnage: fait contraste avec le sentiment amoureux. L'amour non partagé avec Rosaline entraîne la mélancolie; l'amour impossible avec Juliette entraîne le désespoir, forme exacerbée de la mélancolie… Autres caractéristiques du personnage: inconstance, excès, pacifisme,

1 - Un personnage mélancolique  d'après les autres personnages 1 o Benvolio, qui le voit se promener "dans un bosquet de sycomores" (I sc. 1), arbres des cimetières, traditionnellement associés au chagrin amoureux; o son père qui le trouve de "sombre humeur": "Mon triste fils fuit la lumière" (I sc. 1), etc.  d'après lui-même o ses paroles: "haine amoureuse, légèreté pesante, plume de plomb" (idem): discours qui sent l'artifice, interrompu brutalement d'ailleurs par une préoccupation triviale: "Où allons-nous dîner?" Il se lamente: "Les heures tristes paraissent longues", etc. o ses actes: il a cherché la déception en se choisissant une amante idéale: "Elle est trop belle et trop sage", et