la mémoire collective
Nous avons vu comment Pierre Nora définit la mémoire en la distinguant de l’histoire. Dans une approche complémentaire, nous allons tenter de développer le concept de mémoire collective. En effet, une mémoire collective est indispensable à la formation d’une identité collective, du vivre-ensemble. Mais qu’est-ce qu’une mémoire collective ? Dans une tentative de théorisation, nous aborderons ce concept essentiellement par la pensée de Maurice HALBWACHS. Longtemps, la mémoire fut traitée sous un angle individuel. Cet auteur a introduit les aspects collectifs et sociaux, les notions de temps, de durée et de lieu de la mémoire. Cet essai de théorisation sera le fil conducteur pour questionner la relation pouvant exister entre le concept de mémoire collective et son utilisation (ou non) au sein des journaux de villes.
1-1-Quelques repères chronologiques : de la mémoire individuelle vers une approche collective. 1-1- 1-La mémoire au temps des grecs
Longtemps, la mémoire a été explorée sous l’angle individuel, prolongeant l’idée de l’homme signifié comme un être isolé. Le sens attribué pour évoquer la mémoire dépendait d’une vision mécanique, psychologisante et individuelle. « On détache l’individu de la société»1 pour comprendre ses opérations mentales. Cette acception laissait peu de place à des dimensions collectives, et groupales. Il est possible de rattacher ce dernier point à l’origine latine du mot mémoire sous le terme de « mémoria ». Ce terme symbolise le besoin « de garder à l’esprit le souvenir ». Autrement dit la nécessité qu’a une personne de rapporter ses souvenirs ou les événements auxquels elle a assisté soit en témoin, soit en acteur principal sous forme de récits. Cette acception individualiste se place dans un contexte où la personne était valorisée, en racontant ses exploits autobiographiques tel un héros.
Au temps des grecs, deux mots sont utilisés pour définir la mémoire : mnémé et anamnésis. Le premier