La negritude
Dans sa postface à Ethiopiques , Senghor répond, au nom des "poètes négres", aux interrogations de certains critiques de ses amis et aux reproches de quelques autres. Plus loin, il définira l'évolution des Négres comme une prise de possession de leur identité puisqu'il dit qu' "ils sont restés eux-mêmes". Enfin, parlant de ses influences, outre Saint John Perse (Alexis Léger) et Paul Claudel, il précisera avoir surtout lu des poèmes négro-africains .Mieux, c'est à cette même littérature négro-africaine qu'il semble faire remonter la poèsie des Antillais et principalement de Césaire comme une littérature des origines des Antillais.
Etudier donc Senghor nécessite pour le moins d'approfondir cette notion de négritude et au préalable de mettre en évidence un certain nombre d'ambiguïté.
1. Champ d'investigation
Dans le cadre de notre étude, nous considérerons la négritude à travers trois écrivains majeurs : René Maran, Martiniquais d'origine guyanaise ayant fait ses études en France et dont Batouala obtint le prix Goncourt en 1921, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor. Bien entendu, nous n'étudierons pas ces trois auteurs, puisque seul Senghor nous intéresse, mais ils serviront de point d'appui pour fonder une approche de la négritude.
En effet, René Maran déjà, s'il semble ouvrir la voie d'une littérature "nègre", non seulement n'utilise pas le mot négritude, mais est contesté par critiques et écrivain en raison du caractère même de son oeuvre qui ne rejette de la colonisation que certains aspects.
Nous nous en tiendrons à la thèse de Michel Hausser (1) pour lequel La littérature de la négritude «repose sur une volonté poétique nouvelle, manifestée dans les années trente, laquelle est l'expression du désir d'être reconnu comme Noir et comme Noir héritier d'une culture».
Autrement dit, la littérature de la négritude s'enracine dans une période donnée de l'histoire et avec une expression située en France, qui apparaît avant la Seconde Guerre mondiale