La peste camus L'incipit
Problématique : En quoi cet incipit est-il original ?
Un début de roman doit répondre à deux exigences fondamentales : informer le lecteur (cadre spatio-temporel, personnages, intrigue, ...) et le séduire pour l'inciter à la poursuite de la lecture. On verra, dans un premier temps, en quoi cet incipit répond de manière plutôt classique à ces exigences. Nous verrons ensuite ce qu'il a d'original.
I) Un incipit de facture plutôt classique qui répond à une l'exigence d'information et de séduction
Cet incipit semble, à première vue, répondre de manière plutôt traditionnelle aux attentes du lecteur en matière de première page en définissant un cadre plutôt réaliste.
a) Le cadre spatio-temporel : présenté d'emblée dès les premières lignes
− la date : les années 40 (« 194. »l.2) => volonté de ne pas indiquer une datation plus précise mais le lecteur fait aisément le rapprochement avec la 2de guerre mondiale
− le lieu : la ville d'Oran en Algérie (qui est encore une colonie française à cette époque) => ancrage référentiel
(notez que Camus a séjourné à Oran en 1941) : le cadre est posé d'emblée comme réel, ce que renforce le terme de « chronique » (= récit chronologique d'événement réels dont le narrateur a été témoin) => il s'agit donc un environnement urbain contemporain
− On notera plusieurs éléments importants mis en avant dans la description de cette ville => description dévalorisante l'aspect banal de la ville (adjectif « ordinaire » répété deux fois l.4 et 5, adjectif « neutre » l. 13 (=sans relief, sans attrait) usage répété du déterminant indéfini « une ville » l. 4, « une préfecture française »).
L'aspect commun et insignifiant de la ville est renforcé par la négation « rien de plus qu'une préfecture »
(l.5) et sa ressemblance extrême avec « tant d'autres villes [...] sous toutes les latitudes » (présence des adverbes tant et toutes)
la laideur de cette cité => « La cité