La société et le droit
Nicolas Dessaux
17 août 2011
Si j’ai proposé de consacrer une session de ce stage de formation à la conception marxiste de l’État, ce que je considère que c’est une ligne de démarcation majeure avec le nationalisme de gauche et plus généralement, avec les courants qui, déguisés en marxistes, prônent une forme de capitalisme d’État. C’est pour quoi je vais essayer de résumer les points essentiels qui nous permettent de dégager des axes de critiques et d’action politique.
Je vais essayer d’expliquer quelques aspects historiques et théoriques de la question de l’Etat chez Marx et ses descendants ; de mieux situer le débat sur les lacunes du marxisme sur la question de l’état, de façon marxiste c’est-à-dire matérialiste historique ; et enfin proposer quelques bases fondamentales de la conception marxiste de l’État aujourd’hui.
Je n’évoquerai pas ici les théories d’Engels sur l’origine de l’Etat. Aussi passionnante soient-elles, elles mériteraient d’être revues sur la base même de sa méthode, c’est-à-dire d’une confrontation avec les connaissances actuelles en ethnologie et en archéologie, plutôt que traitées comme si elles étaient toujours d’actualité. Leur principal mérite est rappeler que l’État n’a pas toujours existé et qu’il n’existera pas toujours. Je ne peux résister à citer sa célèbre conclusion :
« La société, qui réorganisera la production sur la base d’une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l’Etat là où sera dorénavant sa place : au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. »
L’État chez Marx
La question de l’État a hanté Marx depuis ses premières années de philosophe, avant même qu’il ne découvre l’existence du communisme auprès d’ouvriers allemands exilés à Paris, en 1845. Parti de critiques de la théologie sur la base d’une lecture matérialiste de philosophie de Hegel, il a formulé l’idée que les institutions célestes ne faisaient que refléter les