la société nécessaire aux hommes
Leçon 1 LES CONTRAIRES DE LA VÉRITÉ
La vérité apparaît comme l'horizon de tout effort de pensée. En ce sens c'est bien la vérité de la vérité elle-même que nous cherchons ici. Pour saisir ce qu'elle est, et par là essayer de nous préserver, ne peut-on commencer par nous accorder sur ce qu'elle n'est pas ? N'y a-t-il pas plusieurs manières de passer à côté de la vérité ?
A - L'erreur
° L'erreur est d'abord une errance, une "course à l'aventure", c'est-à-dire au hasard, comme le dit l'étymologie. Une affirmation fausse s'égare, se fourvoie ou dévie en effet. Elle est soit non conforme aux règles de la logique (2+2=5), soit en contradiction avec les données expérimentales (le soleil tourne autour de la terre). Si elle est humaine, comme le veut le proverbe, et fréquente aussi, c'est que l'homme est trop souvent étourdi, pressé et présomptueux. De fait une erreur peut toujours être évitée, et une fois commise, rectifiée, à condition que l'on en prenne les moyens, c'est-à-dire que l'on raisonne avec méthode et rigueur. ° Notons qu'une erreur n'est pas une faute car si la première se corrige, la seconde se pardonne ou s'assume. On "fait" une erreur alors que l'on "commet" une faute. L'engagement y est alors autrement important. En effet l'erreur est celle du jugement rationnel, tandis que la faute, même involontaire, me situe sur le terrain de la morale. J'ai failli, ou manqué à une règle dans une faute. C'est une transgression et pas seulement une divagation, une incohérence ou une confusion. Cependant si tout le monde peut se tromper, il y a des domaines dans lesquels, compte tenu des enjeux, les erreurs de jugements deviennent des fautes : les erreurs de diagnostic en médecine, ou d'analyse en politique, peuvent devenir criminelles (en théorie / en pratique). B - L'illusion
° Si l'erreur manque la vérité, l'illusion lui tourne franchement le dos : elle se trompe de monde, à l'image des prisonniers de la caverne de Platon (République, VII,