La veuve
Remerciant les vengeurs de son mari assassiné par le rebelle, Aphrodissia ravale ses larmes : elle est veuve deux fois, en apparence du vieux prêtre ivrogne, mais en réalité du scélérat qu'on vient de tuer et qu'elle a tendrement aimé. Leur passion adultère est ancienne et l'époux, cocu conscient, fut longtemps le paravent social de leurs ébats nocturnes ou champêtres. Et même enceinte des œuvres de Kostis, la veuve a bravé par amour les regards soupçonneux des villageoises avant de faire disparaître le nouveau-né. Humiliante immolation de son amant décapité ; de plus, il porte sur le bras le nom de sa maîtresse : pour éviter la lapidation, elle décide de cacher le corps. Quelle meilleure place peut-elle trouver pour celui qui a été son véritable amour que le cercueil d'un mari devenu poussière ? Quant à la tête aimée, plantée au bout d'une pique sur la place du village, il faut la voler pendant l'heure chaude où chacun est terré chez soi.
Cependant, une femme avec la seule tête de son amant est bien peu de chose. Et Aphrodissia laisse enfin les sanglots jaillir, assise dans un champ privé, son larcin caché dans ses jupons. C'est alors que Basil le propriétaire paraît, persuadé d'avoir été volé une pastèque. La fuite est la seule issue pour cette femme désespérée, qui court sur un chemin de falaise. Une pierre roule sous un pied, et la veuve amoureuse suit le chemin de la pierre et tombe dans l'abîmes