1960 : LA RÉVOLUTION TRANQUILLE
Les francophones prennent le vrai pouvoir
Pierre Duchesne
Journaliste et écrivain
Le 22 juin 1960, l’élection de Jean Lesage comme nouveau premier ministre entraîne le Québec tout entier au coeur d’une pléiade de réformes qui vont changer le destin de la nation. La société québécoise vit une véritable révolution, mais menée sans violence et de façon démocratique, ce pourquoi elle a été qualifiée de « tranquille
». Le pouvoir économique se déplace de la minorité anglophone à la majorité francophone. L’Église se retire de l’administration des hôpitaux et des écoles. On assiste à la naissance de l’État du Québec contemporain.
Il y a 50 ans, le Québec connaissait une formidable accélération de son histoire. Avec la Révolution tranquille, les « Canadiens français » devenaient des « Québécois ». Des chansonniers se réappropriaient la culture, la langue française et le drapeau québécois. La
France du général de Gaulle venait s’excuser auprès des Québécois pour les avoir abandonnés deux siècles auparavant.
L’élan était tel que tout devenait possible… Déjà, sous le régime de Maurice
Duplessis et de l’Union nationale, dans les années 1950, le Québec commençait à s’activer. Grâce à l’impôt provincial arraché à Ottawa, la province se dotait d’un pouvoir de taxation qui lui permettait d’enclencher des réformes. Et malgré un système de patronage étouffant, le gouvernement Duplessis augmentait à la fin de son dernier mandat les sommes d’argent consacrées à l’éducation.
Un effort toutefois insuffisant et
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L’état du Québec 2010 tardif. À l’époque, les jeunes francophones du Québec fréquentaient moins l’école que les jeunes Noirs américains, pourtant aux prises avec de solides problèmes sociaux. Jean Lesage et le chantier de l’éducation
Jean Lesage, le 19e premier ministre du
Québec, est aujourd’hui reconnu comme étant le père de la Révolution tranquille. Cet homme à la stature imposante, éloquent,