Le burlesque dans le Page disgracié
INTRODUCTION :
« Je n'étais pas le seul qui fît des incartades burlesques en cette saison » déclare le page au chapitre 54 de la seconde partie de l’œuvre. Le terme de « burlesque » est donc employé par le page lui-même et ne figure nulle part ailleurs dans le texte. Il est ici associé au mot « incartades », signifiant précisément en 1643 l'extravagance ou la folie, ce qui est particulièrement intéressant pour notre étude.
Tout d'abord, afin de nous familiariser avec le terme de « burlesque », il me semble indispensable d'en proposer une définition étendue, en considérant ensuite le contexte littéraire dans lequel il apparaît, puis les différents sens qu'il possède dans ce cadre strict. D'après le Petit Robert, il s'agit d'un terme emprunté à l'italien « burlesco », qui vient lui-même de « burla » : la plaisanterie, la farce. Au sens large, le burlesque désigne une forme de trivialité, de comique outré, extravagant et déroutant, et par extension, ce qui est tout à fait ridicule, absurde, voire grotesque. Il s'agit d'autre part d'un genre cinématographique caractérisé par l'importance accordée aux gags visuels.
Du point de vue de l'histoire littéraire, le « genre burlesque » fut introduit en France en 1643 par Sarasin pour désigner un mode d'expression littéraire qui avait eu ses heures de gloire en Italie.
Il désigne en son sens strict une mode littéraire assez brève, qui dura de 1643 à 1653, qui s'est manifestée tant en prose qu'en poésie, caractérisée par la discordance entre le choix d'un sujet noble et sérieux et la manière familière et plaisante de le traiter, à l'inverse de l'héroï-comique.
Il faut enfin insister sur le fait que dans la production romanesque de la première moitié du
XVIIème siècle, dont fait partie le Page disgracié, les représentations du roman sont multiples : il y a le roman sentimental, pastoral, héroïque, galant, qui sont des formes dominantes, mais se