Le code de l'indigénat
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Introduction
« L’indigène a un comportement, des lois, une patrie qui ne sont pas les nôtres. Nous ne ferons son bonheur, ni selon les principes de la Révolution française, qui est notre Révolution, ni en lui appliquant le Code napoléon, qui est notre Code. « F. Eboué (1941)
Cette citation de Félix Eboué, homme politique et administrateur colonial né à Cayenne, témoigne de l’esprit d’une époque, du rationalisme politique et juridique racial du tournant du siècle. L’élaboration d’un régime juridique spécial dans les colonies a été justifiée par le fait que les spécificités des populations indigènes ne permettaient pas l’application des règles de la métropole. A partir de 1834, dans les colonies françaises, est ainsi créé un espace juridique spécial où les règles, différentes de celles de la métropole, ne s’appliquent qu’aux populations indigènes (les « sujets » français). Connu sous le nom de « Code de l’indigénat », ce régime fait référence à un ensemble juridique et réglementaire répressif, variable d’une colonie à l’autre. Ce « Code » liste les infractions spéciales aux indigènes, base sur laquelle l’administration coloniale jugent les délits et déterminent les peines. Expérimenté en Algérie à partir de 1834, le régime de l’indigénat a été appliqué dans l’ensemble des colonies françaises, selon les périodes et les territoires, de façon partielle ou totale, jusqu’à son abolition en 1946.
Ce « Code » est un des régimes juridiques de l’Empire colonial français qui a le plus marqué la mémoire des colonisés. L’indigénat est évoqué dans les discours de représentants de pays ayant fait partie de l’Empire français lorsque ceux-ci souhaitent faire référence à une époque marquée par la violence et l’injustice. En effet, ce pilier essentiel de la politique coloniale permettait de « continuer la guerre par d’autres moyens », en maintenant la domination des colonisateurs sur les populations indigènes. De plus, la création d’un