Le cygne
Le poème Le Cygne, illustre deux thèmes récurrents dans la poésie baudelairienne : le spleen et l'exil. Le dernier quatrain vient mettre en relief le caractère universel des sentiments négatifs reliés à l'exil de même que la sombre rêverie dans laquelle est plongé Baudelaire. Le poète se sent lui-même exilé dans Paris. Il ne parvient plus à reconnaître sa propre ville qui est en pleine transformation pendant cette période d'industrialisation.
«Dans la forêt où mon esprit s'exile/ Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor». La forêt vient créer une double référence. Elle se rattache tout d’abord au titre : la forêt est un signe vertical qui renvoie à l’Idéal du poète. Qu’elle soit sombre ou lumineuse, la forêt est un signe physique des puissances métaphysiques avec lesquelles l’Homme doit entrer en correspondance. D’autre part, la forêt vient également s’opposer à la ville. Elle est un endroit de calme, de paix et de solitude qui vient en opposition avec la ville et le bouillonnement continu des foules auxquels Baudelaire est sans cesse exposé.
L'allitération en «s» du vers suivant («souvenir, sonne et souffle») vient exprimer les soupirs de l'homme tourmenté par le poids de ses réflexions mélancoliques. Le poète est prisonnier de son corps, de sa tête et même de sa ville. Il ne peut s’empêcher de repenser à des éléments antérieurs. Le poète est l’esclave de ses pensées. Le souvenir de l’ancien Paris ne cesse de l’assaillir et il n’arrive pas à se détacher de ses souvenirs.
Les derniers mots du poème sont également très éloquents : «à bien d'autres encor!». Baudelaire laisse ainsi deviné que les figures de l'exil sont infinies. L'exilé devient un personnage symbolique qui englobe «quiconque a perdu ce qui ne se retrouve». Le poète fait également un lien avec le titre «Cygne» : qu'on peut également comprendre comme «signe». En effet, un des point central de la poésie baudelairienne repose sur la correspondance et la