Le droit de rupture de crédit
Un droit porté trop loin devient une injustice.
Voltaire, rapportée par JOSSERAND L.,
« De l’esprit des droits et de leur relativité », 2e éd. 1939, p.5
INTRODUCTION De nos jours, peu nombreux sont les paiements effectués directement entre les opérateurs économiques sans intervention des banques, d’une part la remise de monnaie fiduciaire est marginalisée[1], elle se réserve aux petits montants, d’autre part nul ne cache encore ses billets sous son matelas sans faire appel aux banques pour leur conservation. Simplicité et sécurité sont les deux qualités qui font du banquier le caissier de son client, son intermédiation est devenue un fait social par la banalisation du commerce de l’argent depuis le considérable essor qu’a connu le crédit ces dernières décennies tant à la consommation qu’aux entreprises. En effet, « l’importance du crédit a été telle que les banques sont toujours définies par rapport à cette référence »[2], le crédit bien qu’il soit en usage dans des domaines très divers : commerce, comptabilité, banque, législation financière, fiscale, et pénale, droit des affaires, sciences morales, politiques et économiques, ses acceptations ; il reste fidèle à l’étymologie latine : credere, dont l’équation est : faire crédit, c’est toujours faire confiance, autrement dit fonder un comportement sur une certaine représentation de l’avenir. La confiance a le temps pour mesure : qu’il s’agisse pour un banquier de consentir un prêt à un client, pour un fournisseur d’accorder un délai de paiement ou, pour un fonctionnaire, d’engager une dépense publique, brève ou longue, la durée du crédit est par la définition limitée. En règle générale, le vocable du «crédit» désigne “ toute opération qui procure ou vise à procurer immédiatement à une personne un bien ou une valeur en lui faisant supporter la charge de manière différée[3]”, il en découle que le crédit se traduit par un décalage