Le désir est-ce la marque de la misère de l'homme?
L'homme est un être de désir: c'est dire qu'il aspire à avoir davantage qu'il ne possède. On indique donc par là un manque, une faiblesse, qui serait le propre de l'homme. Faut-il considérer ainsi le désir, comme « la marque » c'est à dire l'indice, le signe qui témoigne de la « misère de l'homme », c'est-à-dire qui signale une faiblesse, une impuissance caractéristique de l'humanité? Le désir est-il la témoignage de ce qu'est la condition humaine, celle d'un être qui souffre de manquer et que cette indigence condamne au malheur? De ce fait, la désir est-il le révélateur de ce qu'est en réalité la condition humaine: une condition qui voue l'homme à la recherche d'une satisfaction qu'il n'obtiendra jamais?
I . a) On voit bien ce qui peut confirmer une telle hypothèse: le fait même que l'homme soit un être conscient inscrit l'inquiétude au coeur même de la situation, l'inquiétude c'est à dire l'absence de paix, de tranquillité, de satiété. La conscience est ce pouvoir de prendre du recul qui impose une recherche, qui pousse à ne pas se satisfaire de ce qui nous est donné. L'homme est donc conscient de la fragilité de sa propre existence, dont il ne peut se satisfaire. Il n'est pas un animal, il n'est pas non plus un dieu: les dieux, écrit Platon dans Le banquet, sont divins précisément en ce sens qu'ils ne manquent rien, raison pour laquelle ils ne désirent pas. De ce fait, si les hommes désirent, c'est parce que la finitude et le manque sont leur lot. On peut voir là la signe de leur faiblesse, faiblesse d'autant plus malheureuse qu'elle est insurmontable: en effet, jamais les hommes ne pourrons dépasser l'humanité de leur condition, donc jamais ne pourrons manquer de rien.
b) Ainsi le manque dont témoigne le désir n'est pas accidentel ou contingent, il est structurel, nécessaire, ce qu'exprime Girard dans La violence et le sacré quand il écrit que le désir est manque d'être. Le désir signale et exprime