Le genie en sociologie
Introduction
A la fin du 18ème siècle, Goethe reprend un lien commun de la pensée esthétique et affirme dans son ouvrage Ecrits sur l’art : « on peut dire que nous sommes plus riches dans tous les domaines où intervient la transmission, donc dans le domaine des avantages dus à l'artisanat évolué et dans celui de la richesse des innovations mécaniques. En revanche tout ce qui est inné, c'est-à-dire le talent intransmissible par lequel l'artiste se distingue, semble être plus rare à notre époque. ».
On repère ici aisément l’opposition entre la technique et le don, entre le talent et le génie.
En revanche, comme le souligne d’ailleurs Annie Becq dans Genèse de l’esthétique française moderne, il est plus difficile de savoir précisément en quoi consiste le génie extraordinaire de l’artiste, d’approcher cette essence géniale, ce feu créateur qui rend vivantes les œuvres et les élèves au-dessus des âmes.
L’origine grecque du mot génie, « gennan » : générer, fonder, nous permet d’envisager le génie à travers un certain triptyque de la natalité.
Ainsi, le génie peut s’entendre comme un « accouchement » de son intériorité, le génie serait alors celui qui active ses potentialités géniales, qui transforme la puissance en acte. Mais, le génie peut aussi relever de l’inné, la naissance libérant instantanément le caractère génial. Comprenons également que le génie peut s’envisager comme un processus où c’est l’Autre qui donne naissance, qui permet au génie de se révéler. Ces trois idées aiguilleront notre propos.
En outre, il semble que le génie soit au cœur de deux ambivalences. Une première ambivalence, de sens commun, oppose le génie comme un individu hors de la société, un être singulier à un génie déterminé par la société, choisie par elle, serait génie l’artiste plébiscité par la société. La seconde ambivalence, de sens savant, oppose, par obstacle