Le gorgias

2927 mots 12 pages
Nous en arrivons à Du non-étant de Gorgias, selon la traduction qu'en propose l'universitaire Marie-Laurence Desclos. Gorgias dénomme l'Etre sous le vocable particulier et pluriel des étants, au sens que Heidegger conférera à cette expression. Le non-être devient le non-étant. Quand Démocrite oppose le domaine des atomes au domaine du vide, il parle des étants (dèn) et du Non-Etre (médèn), comme si le vide présentait une unité quand la constitution de l'être par les atomes ne pouvait que déboucher sur la multiplicité. Mais quand Gorgias répond à Parménide, qui a produit un poème accordant à l'Etre une unité essentielle qui transcende les étants particuliers et singuliers, il utilise le non-étant.
C'est-à-dire qu'il refuse l'essentialisation de Démocrite et qu'il revendique l'idée selon laquelle l'unité n'existe pas. Au demeurant, il ne faut pas attendre de Gorgias une entreprise théorique, quand le propre de la théorie est de proposer une définition fondamentale impliquant l'unité. Ce qui lui importe, et la raison principale pour laquelle son traité passe si souvent pour un jeu controversé, c'est qu'il objecte autant à Parménide qu'à Démocrite concernant l'absence d'unité. Parménide : l'Etre existe d'autant moins que l'unité n'existe pas. L'ontologue Parménide propose une théorisation de l'Etre? Gorgias le sophiste lui répond par la réfutation radicale de l'unité et la production antagoniste du non-étant contre l'Etre.
Quant à Démocrite, il s'agit de radicaliser son propos nihiliste, en réfutant toute unité, même pour le vide (plus de Non-Etre, mais du non-étant). Gorgias juge que Démocrite n'a pas été assez loin dans le nihilisme et que c'est la raison pour laquelle son effort de théorisation achoppe avec la contradiction. Gorgias ne répond pas à l'erreur théorique de Démocrite par une réfutation d'ordre théorique, mais par un refus de la théorie. Sa pirouette pourrait se résumer ainsi : refus de la théorie = jeu.
Double opposition, donc, que le refus théorique

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