Le keynésianisme
Attaquant le libéralisme de ses prédécesseurs, Keynes démontre la possibilité d'un chômage involontaire (non provoqué notamment par un refus de travail des personnes estimant insuffisant le salaire versé) permanent, qui ne se résoudra pas de lui-même, et proclame la nécessité d'une intervention de l'État dans la vie économique. Par opposition au modèle classique (et néoclassique), Keynes propose une analyse macroéconomique, en termes de flux globaux, où la monnaie joue un rôle primordial. Pour lui, le chômage provient d'une insuffisance de la demande effective, qui engendre un équilibre de sous-emploi. Il n'existe aucun correctif automatique au chômage. C'est pourquoi l'État doit assumer la responsabilité d'obtenir et de maintenir le plein emploi par une politique appropriée. Cette politique, directement opposée aux techniques déflationnistes utilisées jusqu'alors, est essentiellement monétaire, ce qui permet une intervention efficace de l'État sans porter atteinte à l'autonomie de l'entreprise privée. Elle consiste avant tout en une baisse du taux de l'intérêt, destinée à rendre attrayants les investissements privés. Cependant, on doit envisager aussi l'accroissement des investissements publics, l'augmentation de la propension à consommer par redistribution des revenus au profit des classes aux ressources les moins élevées. Enfin, le protectionnisme douanier apparaît comme un moyen légitime de relever le niveau de l'emploi.
La pensée keynésienne innove tout particulièrement, en ce qui concerne la méthode de l'analyse économique, par son caractère « général » (opposé aux facilités des équilibres partiels), son emploi des quantités globales (opposé au point de vue microéconomique), son insistance sur certaines variables privilégiées (investissement, taux de l'intérêt).
Enfin, c'est surtout dans le domaine de la politique économique que l'on peut parler de « révolution keynésienne ». La préoccupation du plein emploi s'impose à tous les