le lama
La rentrée de fin août constitue l’archétype de ce que les journalistes appellent un marronnier: un événement récurrent, de faible portée informative, mais qui a pourtant les honneurs des médias. Pour ce qui concerne la formation en école, on doit bien constater qu’il n’est pas simple de passionner le lecteur. Comment percevoir et faire ressentir de profonds changements au fil des années qui s’enchaînent dans un cursus scolaire?
Les contenus des enseignements évoluent, c’est entendu, et les élèves changent parfois de site ou de bâtiment. Mais tout au long des onze années de scolarité obligatoire et même durant les trois années de gymnase, le système demeure finalement analogue: une trentaine de périodes de cours, des devoirs à domicile, une après-midi de congé hebdomadaire, des vacances toutes les six semaines. Si l’on excepte les bambins que l’on arrache aux jupons maternels lorsqu’ils rejoignent l’école enfantine, la rentrée est au fond terriblement banale pour les élèves, qui savent très bien à quoi ils doivent s’attendre.
Toute une frange de notre jeunesse, au contraire, connaît à la même période une rentrée qui bouleverse ses habitudes. Je veux parler de ces jeunes femmes et de ces jeunes gens qui commencent un apprentissage. Ils sont nombreux en Suisse où, sur 120 000 élèves qui quittent chaque année l’école obligatoire, 85 000 environ optent pour la formation professionnelle. Même si la proportion est moindre dans les cantons romands, cela n’en représente pas moins des milliers de jeunes qui sont catapultés dans un autre monde… et qui font rarement l’objet d’un quelconque reportage.
L’arrivée en apprentissage constitue une rupture. On y entre non plus pour acquérir des connaissances mais pour se former à un métier. Cette assimilation des savoir-faire et des processus de production se déroule dans ce monde en soi qu’est l’entreprise. Ses règles, ses hiérarchies, ses acteurs ne sont pas ceux de l’école.
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