Le langage sert-il à exprimer la réalité ? Le langage représente la base de la société humaine dans le sens où il permet à l’homme de communiquer avec autrui et également d’exprimer certaines impressions personnelles. Il s'agit pourtant de se demander si le langage est la transcription de la réalité ou une pure invention humaine. Mais qu’entendons-nous par réalité ? Est-ce que l’homme, poussé par un anthropomorphisme évident, n'a pas créé un monde à visage humain dont le support serait le langage ? Il faut commencer par s'interroger sur ce que l’homme considère comme réel. Si nous nous basons sur la définition de Spinoza, la seule réalité est la réalité du tout. Cette première définition de la réalité nous entraîne vers une critique évidente du langage. En effet, le langage organise le monde en différents objets. Or, selon la définition de Spinoza, la seule réalité réside dans une substance infinie, c’est-à-dire impossible à diviser. Or, le langage pousse l'homme à diviser le monde en nombre d'objets qui ne pour en qui ne pourraient cependant exister seuls. Nous arrivons ici à une contradiction première ou plutôt à une opposition très nette entre le caractère infini de la réalité du tout et le caractère fini de l'homme. L'homme, du fait de sa finitude, ne peut pas accéder à l’infini, il peut tendre vers l’infini, mais il ne pourra jamais l'atteindre. Or, pour vivre, l'homme se trouve dans la nécessité de s'approprier le monde qui l'entoure. Ne pouvant en aucune manière saisir le tout, c’est-à-dire la réalité première, ou la chose en soi selon Kant, l'homme s'est vu dans l'obligation de diviser le monde en objets, pourtant indissociables, et cette division a eu lieu par le langage. Le langage est ce qui permet à l’homme de s’approprier le monde. Ainsi apparaît-il clairement que le langage, en divisant le monde en objets, trahit totalement le caractère infini du tout, c’est-à-dire de la réalité. Le langage ne sert donc pas à exprimer la