Le patriotisme economique spécifique, enjeux et limites
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INTRODUCTION En juillet 2005, des rumeurs de rachat par OPA hostile de Danone par le groupe Pepsico font surface. L’affaire fait grand bruit et le gouvernement français annonce qu’il fera tout son possible pour protéger Danone malgré le ferme démenti de Pepsico à ce sujet. Le Premier Ministre de l’époque, Dominique de Villepin, déclare même à la presse qu’il souhaite «rassembler toutes nos énergies autour d’un véritable patriotisme économique... Rassembler nos forces, cela veut dire que nous valorisons le fait de défendre la France et ce qui est français (...) Beaucoup de pays se sont déjà dotés de moyens efficaces pour protéger leurs entreprises des actions hostiles. Nous devons en faire de même.»
La notion même de patriotisme économique (ou «economic nationalism» en anglais) est une véritable antithèse, et ce concept paraît d’autant plus incongru dans un contexte de mondialisation. Il paraît ici intéressant d’étudier la perspective européenne du patriotisme économique en s’attardant quelque peu sur le cas de la France, tout en considérant cette question essentielle d’un point de vue continental. D’un côté, on peut considérer que l’on tend vers un patriotisme économique continental; mais d’un autre côté il existe des tensions internes à l’Union Européenne, partagée entre les ardents défenseurs des économies nationales et les détracteurs d’un système qu’ils considèrent anti-libéral et à l’encontre des valeurs fédéralistes préchées par l’Europe. Mais la prétendue nécessité de préserver la nationalité des entreprises européennes n’est-elle pas en contradiction avec un monde qui se veut global?
Il faut d’abord définir la notion de patriotisme économique et ses caractéristiques essentielles. Nous aborderons plus en détail les spécificités et les enjeux de ce patriotisme économique en Europe, en particulier dans un contexte de crise économique, dans une deuxième partie. Nous verrons en troisième