Introduction : qu’est-ce que le courant précieux ?

L’étymologie même du mot « précieux » peut nous aider, à premier abord, à nous orienter pour tenter de définir la préciosité : l’adjectif vient du latin « pretosius » qui signifie « qui a du prix ». C’est l’effort de la distinction, le désir de mettre en avant sa personne et sa propre valeur, c’est la volonté de se différencier des autres et d’éviter la vulgarité.

En ce qui concerne le cas français (car la préciosité est un phénomène européen qui traverse aussi l’Angleterre, l’Espagne avec le gongorisme et l’Italie avec le marinisme), le mouvement précieux s’impose avec la littérature des mondains du XVIIème siècle qui recherchent le tour galant et léger au travers de leur écriture et qui veulent procurer un effet raffiné tout en prenant soin d’éviter la pédanterie. Toutefois, il est important de souligner que le phénomène littéraire est associé à un phénomène social qui le soutient : celui-ci apparaît au sein des salons parisiens où se retrouvent les protagonistes de ce courant naissant. La mode précieuse avait pris forme par une volonté de s’opposer aux dépravations et aux vulgarités des courtisans d’Henri IV. Ainsi, de nombreux gentilshommes et de dames épris de politesse, d’envie de distinction, de galanterie et de bon goût commencèrent à se réunir dans ces salons.

Le but de ces réunions était de s’occuper de littérature, de composer des vers, des impromptus, des portraits avec finesse et élégance, mais comme nous le verrons, cette volonté de se distinguer se transformera vite chez certains en excès de ridicules et jusqu’à la mièvrerie.

1. Coordonnées socio-historiques

1. La première préciosité ou la rébellion des mœurs
La préciosité est avant tout un mouvement issu de l’effort d’une élite pour se distinguer du « commun », et comme nous l’avons dit précédemment, pour s’opposer à la décadence d’esprit et de goût qui touchait la Cour d’Henri IV. Ainsi, de nombreux cercles aristocratiques