Le travail
Il n'y a pas si longtemps, on trouvait en certains pays des emblèmes du style Слава Труду ! "gloire au travail!" et même les hommes d'Eglise brûlaient de l'encens à l'idole. Aujourd'hui nous en sommes à la civilisation des loisirs. Comment un chrétien doit-il considérer le travail? Comme une corvée à évacuer ou comme une œuvre sainte à pratiquer et honorer? A la différence des animaux qui "ne sèment ni ne moissonnent", l'homme a un corps apte aux œuvres manuelles et il est doué d'une intelligence propre à diriger ces œuvres, à prévoir et à gérer ses besoins. Le travail est donc une loi naturelle du genre humain1. Cette loi s'applique au genre humain dans son ensemble, mais certaines personnes peuvent avoir des raisons légitimes de ne pas travailler manuellement: "Car aux préceptes de la loi naturelle qui se rapportent au bien de la multitude, chacun n'est pas tenu en particulier; il suffit que l'un s'applique à tel office, un autre à tel autre: que certains soient ouvriers, d'autres agriculteurs, d'autres magistrats, d'autres docteurs, et ainsi de suite2." Si l'on entend par travail toute activité honnête, manuelle ou intellectuelle, le travail est obligatoire dans la mesure où il est nécessaire à la propre subsistance de chacun: sauf réelle impossibilité, on ne doit pas être à charge à sa famille, à ses semblables, à la société ou à l'Eglise, encore moins tirer son revenu du vol ou autres activités immorales (turpia negotia3). C'est pourquoi notre Père saint Benoît prescrit le travail aux moines: "C'est alors qu'ils sont vraiment moines, quand ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les Apôtres4." L'Evangile n'enseigne-t-il pas l'abandon à la Providence et l'absence de sollicitudes matérielles: "Ne vous inquiétez donc pas, disant: que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous vêtirons-nous? Tout cela, ce sont les païens qui s'en inquiètent. Votre Père sait en effet que vous avez besoin de tout cela5." S.Augustin donne un