« Bien entendu, c'est le travail qui dégagea l'homme de l'animalité initiale. C'est par le travail que l'animal devient humain. Le travail avant tout fut le fondement de la connaissance et de la raison. La fabrication des outils ou des armes fut le point de départ de ces premiers raisonnements qui humanisèrent l'animal que nous étions. L'homme, façonnant la matière sut l'adapter à la fin qu'il lui assignait. Mais cette opération ne changea pas seulement la pierre, à laquelle les éclats qu'il en tirait donnaient la forme voulue. L'homme se changea lui-même : c'est évidemment le travail qui de lui fit l'être humain, l'animal raisonnable que nous sommes. Mais s'il est vrai que le travail est l'origine, s'il est vrai que le travail est la clé de l'humanité, les hommes, à partir du travail, s'éloignèrent entièrement, à la longue, de l'animalité. Ils s'en éloignèrent en particulier sur le plan de la vie sexuelle. Ils avaient d'abord adapté dans le travail leur activité à l'utilité qu'ils lui assignaient. Mais ce ne fut pas seulement sur le plan du travail qu'ils se développèrent…afficher plus de contenu…
Sans le travail, l'animal ne « devient pas » humain, et demeure fixé, englué dans son animalité première. Si la bipédie est à l'origine du développement de l'animal, c'est encore le travail seulement qui est responsable de son…afficher plus de contenu…
A la lumière de ce que disait Bataille sur la nécessité de la pratique dans le développement humain, on comprend, comme le dit l'adage que « c'est en forgeant que l'on devient forgeron ». On pourrait dire ici, que c'est en exerçant sa rationnalité que l'animal devient raisonnable, et c'est cette spécifité rationnelle, qui de simple potentiel, devient active, lui permet de passer d'animal à