Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? Une grande partie de notre vie est consacrée à acquérir des connaissances. Elles vont servir à m’intégrer dans la société. Parfois elles vont me servir à survivre, à mieux m’adapter à mon environnement. Puis-je avoir confiance en mes connaissances ? Pour le savoir, il faut que j’examine d’où elles viennent. Une des hypothèses est qu’elles viendraient, et peut-être même exclusivement, des sens. D’où la question : « Les sens sont-ils suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? » Pour investiguer la relation entre nos sens et nos connaissances, on se demandera si les sens sont nécessaires, suffisants, ou les deux, pour acquérir des connaissances. Il conviendra d’expliquer dans un premier temps en quoi on peut dire que les sens sont réellement nécessaires pour nous apporter toutes les connaissances que nous avons, et dans un deuxième temps de démontrer en quoi on peut aussi dire que certaines connaissances ne sont pas fournies, du moins entièrement, par les sens mais par la raison. Enfin, il faudra se demander si toute connaissance du réel n’associe pas une appréhension sensorielle avec des facultés rationnelles et d’entendement. Les connaissances ont plusieurs origines. Il existe des connaissances par enseignement, ou par « ouï-dire ». Ce sont les connaissances que l’on obtient sans contact direct, sans en faire l’expérience sensible. La deuxième origine des connaissances est l’imprégnation. Ce sont les connaissances à la base du savoir-faire et du savoir-vivre, par exemple. Elles peuvent être obtenues de manière inconsciente. Dans ces deux cas, les connaissances sont au moins obtenues par le canal des sens, ce qui pourrait démontrer en quoi toutes les connaissances viennent des sens. Mais est-il raisonnable d’avoir autant confiance en nos sens ? Par exemple, les connaissances par imprégnation ne cherchent pas l’objectivité. Elles cherchent à créer