Les sociétés de mercenariat : vers une privatisation de la guerre ?

Le phénomène du mercenariat plonge ses racines dans l’Histoire. L’évangéliste Jean déjà y faisait mention dans la parabole du bon pasteur[1]. Plus tard, au Moyen Age, les princes italiens se faisaient la guerre par le biais de campagnia, compagnies de mercenaires dirigées par les fameux Condottieri. Les princes guerriers européens disposaient tous de contingents de mercenaires hollandais, français, italiens, espagnols ou portugais. Les soldats Suisses étaient très courus, et ils servaient aussi bien sous les ordres des souverains français que du pape.

Mais qu’est-ce qu’un mercenaire ? Selon la définition de J. Salmon dans son Dictionnaire de Droit international public, un mercenaire est un « individu qui s’enrôle volontairement dans les forces armées combattantes d’un Etat belligérant dont il n’est pas le ressortissant afin d’obtenir un profit personnel, notamment d’ordre financier. » Une telle définition correspond bien à la réalité du mercenariat des années 1960-70. Le mercenariat à cette époque était en effet peu structuré, organisé sous la forme de réseaux transnationaux de mercenaires mobilisables rapidement en cas de besoin. Ces mercenaires étaient très autonomes les uns par rapport aux autres et n’opéraient qu’en petits groupes: ils n’étaient ainsi que quelques centaines au Katanga en 1961 et au Biafra en 1968, quelques dizaines au Comores en 1978, au Tchad en 1982 et au Sierra Leone en 1995.

Mais les années 1990 ont vu apparaître un tout nouveau phénomène avec le développement de sociétés de mercenariat qui n’ont plus rien à voir avec les « chiens de guerre » incarnés par Bob Denard. Ces sociétés puissantes, organisées et gérées comme de vraies entreprises, ont pris part à de nombreux conflits, surtout en Afrique, au point qu’on a pu commencer à parler d’une véritable privatisation de la guerre. Or une telle évolution pose problème, si l’on se réfère à la