Les suffragettes françaises, 1908.
Lors des éléctions municipales du 3 mai 1908, Paris est le théâtre de manifestations de suffragettes. Bilan : un carreau cassé, une urne renversée. Rien de commun avec les violences commises par les militantes britanniques. En France, l'engagement dans la cause serait-il moins profond? Certes non. Et pourtant, les féministes françaises, si solidaires soient-elles des emprisonnées de Londes, entendent se démarquer de leurs comportements violents, jugés " bien peu féminins". Toutefois, certaines admirent ces femmes hardies qui vont jusqu'au bout de leurs convictions et font parler d'elles.
Pour la première fois en France, le mouvement féministe s'interroge sur ses stratégies. Les militantes qui souhaiteraient importer les méthodes britanniques sont à la fois les plus marginales et les plus connues. Au premier rang, la pionnière Hubertine Auclert (1848-1914), inventrice de la propagande féministe et suffragiste, est appréciée des Anglaises. Parmi les autres, la médecin Madeline Pelletier, membre du Parti socialiste; Caroline Kaufmann, célèbre pour avoir fait irruption en 1904 à la Sorbonne en troublant la célébration du centenaire du Code civil, ce texte qui a refusé aux femmes les droits politiques et civils, Jeanne Oddo-Deflou, dirigeante du respectable Groupe français d'études féministes (fondé en 1898) et appréciée du Parlement pour ses conseils en matière de législation sur les femmes.
Pourquoi une telle différence entre les deux pays? Les féministes s'interrogent. Forçcant le trait, Jane Misme, directrice de l'hebdomadaire La Française, établit une distinction parmi les militantes en faveur du droit de vote féminin : "La suffragette est une guerrière qui a entrepris la conquête armée des droits politiques de la femme, là ou la suffragiste procède à la même besogne par la pénétration pacifique" Cette diférence de comportement repose, selon elle, sur une