Léon Marechal
30 Rue du Faubourg Montmartre à Paris le 7 mars 1884 Ma très chère Louise ;
Je souhaiterais tout d'abord que tu me pardonnes de ne point être venu te voir toi & Jean au Havre. Après ton départ de Paris, je n'ai pas supporté ton absence, cela me rongeait de te savoir loin, très loin de moi. Ma bien-aimée tu me manquais tellement, si je ne t'ai pas écrit c'est tous simplement, car je ne voulais point te faire souffrir. Tu n'accorderas sûrement que très peu d'importance à ces mots qui me viennent tous droit du coeur. Sache que mes sentiments, n'ont & ne resteront qu'éternel. Ma Louise, j'ai bien malheureusement une triste nouvelle pour toi, une mauvaise nouvelle qui me fait regretter mes actes passés, en particulier le fait de ne pas t'avoir revu après ton départ. J'ai récemment appris que j'étais condamné, malheureusement il ne me reste que très peu de temps à vivre. Je regrette tellement si tu savais, j'aimerais pouvoir te revoir, te prendre dans mes bras. Oh mon seul amour qu'ai-je fais ! T''abandonner toi & Jean, mes seuls vrais raison de vivre dans ce monde, vous laisser avec cet homme, ce lourdeau ..
Je sais que le temps passé ne peut être rattrapé, que mes semaines sont à compter c'est pourquoi je ne te demanderais pas de me rejoindre. Cet acte paraitrait égoïste de ma part de te faire venir pour m'accompagner lors de ma fin. C'est pourquoi je t'écris cette lettre, pour simplement te dire qu'après ma mort tous mon argent sera légué à Jean, notre fils. Je ne sais rien de lui, mais il reste tout de même mon fils. Toute ma fortune lui est destinée. Si cela ne t'es pas trop demandé, j'aimerais que tu lui dises la vérité, à propos de lui, de nous. J'aimerais qu'il sache qu'il n'a rien de cet homme, ce Roland. J'aimerais aussi qu'il sache que l'on s'est aimé, aimé comme jamais & que je regrette de ne guère l'avoir vu. Transmet lui ces paroles pour moi. Je suis terrifié, sache le : terrifié,