Louis philippe : roi des barricades ou roi bourgeois ?
Dans l’imaginaire national, Louis-Philippe figure tout au plus au rang de poire. Qu’elle soit molle, gâtée ou véreuse, toutes les déclinaisons en ont été données par le crayon acerbe des caricaturistes de son temps. Or la violence de cette charge révèle au fond toute la nouveauté de la monarchie de Juillet : née des barricades, elle a elle-même crée les conditions de sa propre critique. A ce titre, Louis-Philippe 1er (1830-1848) occupe une place à part dans la galerie des rois de France. Issue d’une révolution populaire en juillet 1830, il est chassé du trône dix huit ans plus, par une autre révolution.
Acclamé à ses débuts comme un « roi-citoyen », il est finalement surnommé « le plus fripon des kings » (Stendhal) et subit pas moins de neuf attentats successifs. Or n’est-il pas paradoxal qu’un roi naisse des barricades, qu’un roi soit fils de la Révolution ? Comment un roi peut-il être révolutionnaire puisque la royauté est l’archétype de l’Ancien Régime et que la Révolution marque justement une rupture avec celle-ci. Qu’advient-il du roi tel que roi absolutiste de l’Ancien Régime que Charles X a tenté de réincarner ? Comment ne pas changer le rôle du chef de la nation lorsque celle-ci a elle-même changé ?
Roi des barricades, roi-citoyen, roi des bourgeois, roi corrompu, roi détesté : mais quel roi fut vraiment Louis-Philippe 1er ? Fut-il surtout un « roi des barricades », roi révolutionnaire en faveur d’une monarchie « nationale » ou un roi « des bourgeois » avec une monarchie « bourgeoise » ? De cette question nait une ambiguïté dans la relation qui lie le roi à sa nation. Louis-Philippe va apparaître à la fois comme un espoir de renouveau puisqu’il doit son trône aux barricades, mais en même temps comme un roi qui, à défaut de réconcilier la France, finit par être un « roi bourgeois ».
I. Louis-Philippe Ier, un roi qui doit son trône aux barricades de juillet 1830 A. Un « roi