Ma boheme, rimbaud
Dans son poème «Ma Bohème» (1870), Arthur Rimbaud représente le poète symboliste comme un bohémien. C’est un être insouciant, vivant au jour le jour qui, comme Rimbaud lors de ses fugues, erre vers le ciel et l’infini : « [mon] auberge était à la Grand-Ourse. / Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou/ Et je les écoutais, assis au bord des routes» (v.7 à 9). L’utilisation du champ lexical de l’errance avec les termes comme «auberge» (v.7), «étoiles au ciel» (v.8) et «assis au bord des routes» (v.9) met en relief le détachement du poète face aux normes, son besoin de déployer son esprit sans limites; ce n’est pas tant l’homme qui devient vagabond, c’est son esprit qui embrasse l’infinitude des rivières et du vent. Toujours dans cette optique, la matérialité devient superflue pour le bohémien comme pour le poète symboliste. Ses repères se résument aux étoiles et tel un «Petit-Poucet rêveur, [il égrène] dans [sa] course [des] rimes.» (v.6-7) Cette périphrase où Rimbaud représente le poète révèle la simplicité dans laquelle cet être évolue. Comme le Petit-Poucet, il vit dans la pauvreté au beau milieu de la nature, or ce ne sont pas des cailloux qu’il laisse sur sa route, mais des rimes. Il n’a pas besoin de retrouver son chemin, le ciel l’accueil où qu’il aille. Cette ode de la vie du bohémien met en lumière l’idée que Rimbaud semble avoir du poète symboliste : un être marginal qui se nourrit d’absence de