Macebth
Dramaturge engagé, farouche opposant au règne sanguinaire du dictateur roumain, Ionesco fait de cette nouvelle adaptation un plaidoyer politique.
D’emblée, le rire s’impose puisque Macbeth ( insistez sur la sifflante finale ) devient Macbett, à la manière d’une enfantine insulte. Plus loin, « merde », le dernier souffle du héros-tyran, rappelle l’exclamation ubuesque « merdre ». De quoi tourner en ridicule l’image du despote. Bien évidemment, il s’agit-là d’une fausse allégresse, et même les moments lyriques d’opéra et les incantations latines des sorcières ne font en rien oublier l’amertume et la critique de Ionesco.
Macbett est une tragédie moderne. Par analogie avec la pièce de Shakespeare, Macbett montre la chute d’un général qui se veut le sauveur d’une nation. Quand le premier s’exclame (V,5) : « La vie n’est qu’un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie et qui ne signifie rien », le second reprend : « Tout vous échappe. Nous ne sommes pas les maîtres de ce que l’on a déclenché ».
Plus largement, la pièce est une tragédie humaine car les réelles victimes sont les soldats guillotinés par les têtes couronnées et le personnage du limonadier, qui symbolise le peuple, et qui est menacé par un soldat – image contemporaine à Ionesco du dictateur terrorisant son peuple.
Macbett est une révolte contre les tyrans. Et la révolte est universelle, et atemporelle, dans la mesure où l’expression « L’Etat c’est lui » issue de la pièce rappelle le fameux « L’Etat c’est moi » de Louis XIV, et la référence à Œdipe nous ramène à l’aube de la tragédie littéraire (mais aussi