Marie, apollinaire
DE LA MACLOTTE AU TEMPS QUI PASSE
Le texte du poème figure en caractères gras.
Une chanson sans ponctuation : Marie de Guillaume Apollinaire (in Alcools, La bibliothèque Gallimard, p.109).
Cinq strophes de cinq vers.
Dans la première strophe, les octosyllabes rappellent la naïveté des rondes enfantines :
Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
L'accent rythmique, puisqu'on danse, tombe sur la quatrième syllabe des quatre premiers vers.
Le derniers vers échappe à la ronde ; il n'est pas neutre, il est plein de la subjectivité du poète :
Quand donc reviendrez-vous Marie
Et cependant, il est bien le dernier vers d'un couplet, dans la tonalité naïve de la chanson, de la "maclotte" dont une note en bas de page de Henri Scepi nous dit qu'il s'agit d'une "danse ardennaise" ; c'est ainsi que Guillaume Apollinaire évite le sentimentalisme, le "poétisme", le ridicule d'un poème d'amoureux désolé.
Mais la ronde enfantine n'a qu'un temps et l'énigme, ce sujet réel du poème, réapparaît, avec la coutume de ses masques :
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
On pense aux masques d'Océanie et d'Afrique dont les débuts du XXème siècle furent si friands, énigmes silencieuses, muettes sur les rites dont ils furent les accessoires primordiaux, abandonnés souvent après la cérémonie comme une robe que l'on ne porte qu'une fois, une sorcière que l'on brûle à la fin du carnaval, inutiles masques désormais, laissés aux enfants, et si chargés de ce que nous nommons "l'être", le fantôme de toutes ces vies inaccessibles, fabuleuses, légendaires.
La musique est lointaine, la danse est finie, "aux cieux", c'est-à-dire "ailleurs", dans une autre pièce, une autre rue, une autre