Militaire : un métier comme un autre ?
Aujourd’hui, faire référence à la guerre et à ses combats met mal à l’aise tant ce mot heurte nos consciences de Français habitués à vivre au sein d’une Union européenne en paix. Or, l’essence de ces opérations renvoie directement à la spécificité même du métier de militaire. Notre difficulté à en saisir l’essence provient sans nul doute du fait que la perception que nous en avons est brouillée : la guerre a déserté nos horizons intellectuels. Ce constat, qui n’est pas nouveau, en soulève un autre, plus diffus mais aux conséquences profondes : le métier de militaire se banalise.
Le militaire est tout autant victime que responsable de cette banalisation
Quels sont les facteurs d’évolution qui conduisent à cette situation ?
Les missions des armées sont aujourd’hui plus larges et diversifiées et se déroulent majoritairement hors des références nationales, dans un cadre d’action coalisé, allié, européen ou sous l’égide de l’ONU. Elles se traduisent par une présence durable sur le théâtre d’opérations et comprennent de plus en plus des opérations de maintien de la paix, de sécurité civile ou de service public. De telles missions ont entraîné une certaine confusion sur le sens de l’action militaire. En particulier, les opérations des « soldats de la paix », sans recours à la force et aux objectifs souvent insuffisamment définis, ont induit comme une forme d’inhibition chez les militaires. Nous devons retrouver la finalité de l’emploi de la force. Ce rapport à la force, qui demeure par essence dérogatoire au regard des normes de nos sociétés, est aujourd’hui encore ce qui fonde la spécificité du métier militaire.
Le métier militaire et son environnement ont eux-mêmes évolué. Les dynamiques de carrière se sont transformées : sans nier la réalité toujours vivace des vocations, un nombre croissant de militaires de tous grades reconnaît souhaiter acquérir une première expérience professionnelle avant d’envisager, comme pour