La quatrième partie du Discours est un abrégé de métaphysique, dans lequel nous voyons à l'œuvre la méthode cartésienne. Cet abrégé se présente sous la forme d'un récit : Descartes raconte les premières méditations qu'il fit après son installation en Hollande, où il était allé chercher l'anonymat et la tranquillité : "Je ne sais si je dois vous entretenir des premières méditations que j'y ai faites », c’est-à-dire que j’ai faites en Hollande). Descartes, quoiqu'il ne fût pas épicurien, avait fait sienne cette maxime d’Epicure : bene vixit, qui bene latuit, c'est-à-dire "il a bien vécu, celui qui a su bien se cacher", ou encore : "pour vivre heureux, vivons cachés".

Voici les titres que je vous propose, accompagnés de quelques commentaires. Vous remarquerez que mes titres sont des propositions, et non de simples mots qui ne disent rien.

1. L'esprit humain a la liberté de suspendre son jugement sur toute chose, à l'exception de sa propre existence.

Les sceptiques (encore appelés pyrrhoniens, comme le savent les lecteurs de Pascal), disent qu’on peut douter de tout : de l’existence de Dieu, de celle des corps, et même des vérités mathématiques. Ils disent que la vie est un rêve, et que rien ne peut être absolument démontré. A quoi Socrate répondait : « Mais cela, comment le savez-vous ? » Et saint Augustin, bien avant Descartes, avait déjà remarqué que nos croyances même fausses prouvent au moins que nous existons. Si fallor, sum : si je me trompe, c’est que j’existe. Il y a donc bien une vérité (au moins une) qui est « entièrement indubitable », si certaines que même « les plus extravagantes suppositions des sceptiques » ne peuvent l’ébranler. Cette vérité est comme un point d’Archimède pour la pensée. « Donnez-moi, disait le physicien grec, un point fixe sur lequel je puisse poser un levier, et je soulèverai la terre. »

2. Ce que je suis.

J’existe, je suis : mais qu’est-ce que je suis ? La réponse la plus sûre, c’est ce que je suis «