Médée de Rouquette
Q° : Comment Max Rouquette crée-t-il une nouvelle Médée ?
Intro : 2500 ans après la version d'Euripide, Max Rouquette nous propose une nouvelle et énième version de la tragique Médée. Dans cet extrait nous assistons au dénouement de la pièce, lorsqu'un dialogue oppose Médée à Jason venu réclamer leurs enfants, ignorant leur mort. Nous pouvons nous demander comment le dramaturge du XXe siècle reprend un mythe de la Grèce antique et crée une nouvelle Médée. Nous verrons d'abord en quoi Médée s'apparente à celles de ces prédécesseurs et en quoi elle se différencie d'elles et comment le dramaturge renouvelle le mythe.
I – Une Médée « antique »
C'est une femme de pouvoir : c'est elle qui domine Jason par le temps de parole et qui clôt la pièce, qui a donc le dernier mot : « adieu » l 61. Comme chez Euripide, elle maintient une certaine distance entre elle et Jason : « Rappelle tes chiens » l 5, « ne bouge pas » l 23 en utilisant des impératifs qui montrent que c'est elle qui commande. À deux reprises, les didascalies nous indiquent que Médée se dresse : l 5 : « soudain dressée » et l 49 : « Médée se dresse ». Elle domine donc aussi physiquement.
Elle veut dominer le destin des autres : emploi du futur
C'est une femme monstrueuse : elle a accompli les mêmes crimes : Créon, Créüse et ses enfants sont morts : « au royaume des ombres ils sont descendus tandis que flambe le palais ». l 11, « les autres sont morts » l 28.
Elle est cruelle envers Jason en lui refusant leurs enfants. Animalisée « comme un serpent » l 49. Allitération en s qui évoque le serpent l 42-43,
« Sorcière » dit Jason
II – Mais renouvelée
Médée est marginalisée : elle vit dans un terrain vague, comme une gitane. Physiquement, socialement et matériellement, elle n'est plus la princesse, descendante du Dieu du Soleil mais une femme à l'écart, abandonnée du monde. Elle est qualifiée de « sorcière aux mains rouges » l 2. Le nom est