Ce texte de Nietzsche, extrait de son livre Aurore et rédigé en 1881, n’est pas une critique du travail lui-même en tant que tel, en tant que nécessité vitale pour l’homme, mais il s’agit d’une critique de la glorification du travail, c’est-à-dire de l’idéologie qui tend à en faire une valeur supérieure aux autres et qui conduit les Nations modernes à une recherche toujours plus grande de la croissance économique. En ce sens, si le texte nous conduit bien à une réflexion sur le thème de la valeur du travail pour nos sociétés modernes, ce qui est clairement visé ici est la survalorisation du travail qui touche les sociétés industrielles du 19 ème siècle en période de croissance industrielle et qui conduit les individus à se soumettre toujours plus au dur labeur des usines. La question est donc de savoir quelle valeur accorder à cette idéologie productiviste des « temps modernes » qui glorifie le travail. Selon Nietzsche, cette survalorisation du travail a pour finalité secrète de conditionner les individus et de les soumettre à la discipline collective: la glorification du travail serait donc l’expression d’une volonté politique de canaliser les individus et d’étouffer leur capacité individuelle de révolte et d’épanouissement: le travail serait au fond la meilleure des polices. La soumission des individus à la logique du travail les aliénerait donc et les détournerait de leur propre humanité. Nous verrons donc dans un premier temps ce que désigne exactement la « glorification du travail » et quelles sont les idéologies qui sont ici en question. Dans un second moment, nous pourrons nous interroger sur les causes, les motifs implicites de cette glorification sur l’homme autant que sur les effets qu’elle induit. Enfin, le texte s’achève par une mise en cause de la « folie » productiviste propres aux sociétés capitalistes qui ne nous donne plus que comme seul but collectif principal la recherche toujours plus forte de la consommation, de la richesse, de la production de