Perception
Imaginez cette petite scène suivante se déroulant dans un laboratoire de psychologie. Un psychologue demande à une personne présente :
« Que voyez-vous sur la table ?
– Un livre.
– Oui, naturellement, c’est un livre, mais que voyez-vous en réalité ?
– Que voulez-vous dire par là ? Je viens de vous dire que je vois un livre, un petit livre rouge avec une couverture rouge. »
Le psychologue insiste :
« Quelle est votre perception réellement ? Je vous demande de la décrire avec la plus grande précision possible.
– Vous voulez dire que ce n’est pas un livre ? De quoi s’agit-il ? D’un piège ? (La personne commence à s’impatienter).
– Oui, c’est un livre, il n’y a pas de piège. Ce que je veux, c’est que vous me décriviez ce que vous observez exactement, ni plus, ni moins. »
Le visiteur devient très méfiant.
« Eh bien, dit-il, de l’endroit où je me trouve, la couverture du livre ressemble à un parallélogramme rouge foncé. »
Cette scène a été imaginée par le psychologue George Miller, l’un des pères de la psychologie cognitive (Psychology, the Science of Mental Life, 1962, cité par Manuel Jimenez, La Psychologie de la perception, Flammarion, 1997). Cette petite histoire est destinée à nous montrer comment fonctionne l’acte de perception. Spontanément, on croit voir un livre simplement en regardant sur la table. En réalité, l’on perçoit un rectangle rouge sur un fond gris, mais on sait qu’il s’agit d’un livre. À la perception se superpose une interprétation des données visuelles. Dans l’acte de perception, la connaissance se mêle donc à la pure sensation.
Trois étapes : sensorielle, perceptive et cognitive
La perception ne se résume donc pas à la