Peut on ne pas être soi-même?
Problématique : un tel énoncé semble parfaitement étrange dans la mesure où il nous parait évident qu'à chaque instant nous somme nous-même avec nos qualités et nos travers, unique aux yeux des autres et aux nôtres propres. Nous disposons d'une identité que nous ne pouvons renier et qui d'ailleurs constitue la condition de possibilité de notre conscience de nous-mêmes ainsi que de la conscience du monde. Pourtant cette identité apparente semble voler en éclats dans des situations où l'affectif domine et brise la prétention de la volonté à une autonomie. Je me sens alors étranger à moi-même, je ne me reconnais plus dans mes actes; j'ai le sentiment qu'un autre agit à ma place. Toutefois, même pris dans le tourbillon de l'affectif, je suis encore moi. Mon identité n'apparaît peut-être plus de manière flagrante mais cette manière de céder à l'affectif et à ses emportements est encore la mienne. En d'autres termes, j'ai une manière propre d'être autre. On appèlera chair cette manière particulièrement singulière qu'à mon esprit de se rapporter au corps qui est le mien, de répondre à la force des affects.
I une identité nécessaire.
Dans cette partie, il s'agira de montrer que l'homme - sans identité - ne saurait être conscient de soi et du monde. L'identité est indispensable au retour de l'homme sur soi. Comment celui-ci pourrait-il être conscient de lui même si à chaque instant il était autre, si son identité n'apparaissait que pour disparaître aussitôt? La distance réflexive de l'homme à lui même n'est possible que sur fond d'une identité qui perdure. De même, cette identité qui limite la sphère de ce qui m'est propre, je ne peux percevoir le monde. 1) L'identité est indispensable à la conscience de soi et du monde. En effet, si je n'étais pas doté d'une identité, comment pourrais-je opérer la différence entre moi et le monde? L'identité est ce qui me permet de distinguer entre le propre et l'impropre. Tel est ce que montre