Peut-on qualifier la croyance d'irrationnelle ?
De Socrate, accusé d'impiété, à Spinoza, excommunié et chassé d'Amsterdam, les conflits entre les croyances religieuses et l'esprit critique de la philosophie témoignent d'une histoire sombre et tumultueuse. Au XVIIème siècle, le combat des philosophes des Lumières se présente comme une lutte de la raison contre la superstition religieuse et les préjugés contraires à la raison. Il s'agit de libérer les hommes des croyances irrationnelles. Effectivement, d'après l'opinion commune, il existerait une réelle opposition entre la croyance et la raison. Cependant, la question « Peut-on qualifier la croyance d'irrationnelle ? » posée par le sujet nous invite à réfléchir sur cette affirmation. N'y aurait-il aucun paradoxe à qualifier ainsi la croyance ? Est-ce la meilleure façon de la définir ? Quel est véritablement le lien entre la croyance et la raison ?
Le problème inhérent à la question que pose le sujet, réside en ceci que d'après la doxa commune, la croyance, de part son aspect incertain, s'opposerait à la raison connaissante dont la fin est de distinguer le vrai du faux, d'accéder à la vérité. Cependant, les pouvoirs de la raison, faculté propre à l'Homme, ne se résumeraient pas qu'à cette fonction connaissante. La raison humaine, aurait aussi une fonction dite « spéculative » qui ferait réfléchir l'Homme sur des problèmes qui le dépasseraient, c'est-à-dire, des problèmes auxquels, sans doute, il ne saurait jamais répondre. De ce fait, ne pouvant répondre totalement à ces questions qui le dépassent, ne pouvant avoir de certitudes prouvées, il serait dans sa nature de croire et ce serait le fait même de la raison. La croyance ne pouvant donc ni être considérée totalement comme rationnelle, ni comme irrationnelle, le problème inhérent à la question persiste quels rapports la raison et la croyance entretiennent-elles ? Etant