Philosophie
Connaissance commune et connaissance scientifique, p. 102-3
Cours n°1, 2, 3
Les sciences physiques et chimiques, dans leur développement contemporain, peuvent être caractérisées épistémologiquement comme des domaines de pensées qui rompent nettement avec la connaissance vulgaire. Ce qui s’oppose à la constatation de cette profonde discontinuité épistémologique c’est que « l’éducation scientifique » qu’on croit suffisante pour la « culture générale » ne vise que la physique et la chimie « mortes », cela dans le sens où l’on dit que le latin est une langue « morte ». Il n’y a rien là de péjoratif si seulement on veut bien remarquer qu’il existe une science vivante. Émile Borel a lui-même montré que la mécanique classique, la mécanique « morte » restait une culture indispensable pour l’étude des mécaniques contemporaines (relativiste, quantique, ondulatoire). Mais les rudiments ne sont plus suffisants pour déterminer les caractères philosophiques fondamentaux de la science. Le philosophe doit prendre conscience des nouveaux caractères de la science nouvelle.
Nous croyons donc que du fait des révolutions scientifiques contemporaines on puisse parler, dans le style de la philosophie comtienne, d’une quatrième période, les trois premières correspondant à l’Antiquité, au Moyen Age, aux Temps Modernes. Cette quatrième période : l’époque contemporaine consomme précisément la rupture entre connaissance commune et connaissance scientifique, entre expérience commune et technique scientifique. Par exemple, du point de vue du matérialisme, l’ère de cette quatrième période pourrait être fixée au moment où la matière est désignée par ses caractères électriques, ou plus précisément encore par ses caractères électroniques. (…)
Le seul fait du caractère indirect des déterminations du réel scientifique nous place dans un règne épistémologique nouveau. Par exemple, tant qu’il s’agissait, dans un esprit