Poésie
1) L'essentiel est le culte commun des Lettres antiques; la volonté de lutter contre le "monstre Ignorance", de rénover les formes et de réactiver les mythes, notamment ceux qui concernent la poésie elle-même, placée à part et au-dessus de tous les genres d'écrire; le goût d'une écriture savante, sinon érudite ou obscure, nourrie de la libreimitation des Anciens et des modernes (néo-latins et italiens).On s'entre-imite d'ailleurs beaucoup, dans la Brigade; la plupart en viendront à imiter surtout Ronsard. Mais il s'agit toujours, conformément à l'esprit de la Défense et Illustration... (sinon au détail de ses outrances), de faire de la poésie la clé de voûte de la culture. Ce qui frappe au contraire, dans l'entreprise de la Pléiade,c'est le souci de la variété, qui commande d'explorer tous les genres, tous les styles (haut, moyen et bas), et surtout de ne jamais s'en tenir à l'imitation d'un seul auteur, fût-il aussi prestigieux que Virgile. On mélange, on avoue certains emprunts, on en dissimule d'autres, on exploite en même temps les ressources du grec et du latin, du latin antique et du néo-latin, de l'italien, etc... Ily a du jeu dans une telle démarche, et toujours une jubilation, un appétit qui, chez certains, ne va pas sans angoisse: le poète de la Pléiade est toujours en train de s'approprier le texte d'autrui, de s'en emparer pour le re-créer.
2) Pierre de Ronsard et joachim du Bellay sont deux poètes représentatifs du mouvement.
3) A vénus de JOACHIM DU BELLAY (1522-1560)Ayant après long désir
Pris de ma douce ennemie
Quelques arrhes du plaisir,
Que sa rigueur me dénie,
Je t'offre ces beaux oeillets,
Vénus, je t'offre ces roses,
Dont les boutons vermeillets
Imitent les lèvres closes
Que j'ai baisé par trois fois,
Marchant tout beau dessous l'ombre
De ce buisson que tu vois
Et n'ai su passer ce nombre,
Parce que la mère était
Auprès de là,ce me semble,
Laquelle, nous aguettait
De peur encores j'en tremble.
Or' je te donne des fleurs
Mais si tu fais ma rebelle
Autant piteuse à mes pleurs,
Comme à mes yeux elle est belle,
Un myrthe je dédierai
Dessus les rives de Loire,
Et sur l'écorce écrirai
Ces quatre vers à ta gloire
« Thénot sur ce bord ici,
A Vénus sacre et ordonne
Ce myrthe et lui donne aussi
Sestroupeaux et sa personne. »
Le baroque : mouvement poétique de la fin du XVIe et XVIIe siècle :
1) Les écrivains de ce mouvement sont très divers. Tous accueillent l'idée d'un monde instable et changeant, caractérisé non par la stabilité d'un état mais par l'aventure d'un mouvement perpétuel, véritable défi à la représentation. Celle-ci commande une exploration des richesses infinies du langage,dont la variété rythmique et syntaxique, la polyvalence sémantique permettent sinon de dire, du moins d'approcher l'indicible, le "passage" (comme dit Montaigne), la métamorphose. Il ne s'agit pas, comme dans l'esprit classique, de classer, de faire le tri, de stabiliser la relation des choses entre elles, des mots entre eux, des mots et des choses; mais au contraire d'utiliser l'illusion même,le charme protéiforme d'une apparence mouvementée. Dans le domaine poétique, une telle expérience procède en partie de l'immense travail effectué par les écrivains de la Pléiade: travail d'enrichissement du langage et de contamination des modèles, libérations générale des échos, des reflets, qui, chez Ronsard par exemple, introduisait beaucoup de ruse, d'humour et d'illusion dans la définition dela beauté. Les baroques (D'Aubigné, Du Bartas)portent les recettes de la Pléiade à un degré imprévu d'intensité, en renversant la perspective: lorsque d'Aubigné, dans Les Tragiques, se déclare en quête d'un "autre style", il multiplie les figures (répétitions, antithèses, métaphores, oxymores), dont Ronsard faisait un usage modéré, tout en prétendant produire, dans ce langage déchaîné, la vérité...
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