Pourquoi Faire Son Devoir
Lorsque l’on pense « devoir », on peut penser « contrainte ». C’est faux, le devoir est une obligation morale considérée en elle-même et non par rapport à son objet. L’amalgame est souvent fait entre être obligé et être forcé, pourtant l’obligation induit la liberté et si l’on ne déroge pas à ses obligations, c’est bien par conscience du devoir. Une obligation morale relève, en droit positif, de la conscience individuelle et de ce fait ne peut être jugée devant un tribunal. On peut donc tronquer le terme d’obligation morale avec celui de devoir.
La difficulté de faire son devoir vient du paradoxe de la loi morale : Chacun a son propre concept de la morale. En ce cas, qu’est-ce que la morale ? Basiquement, c’est notre capacité à discerner le Bien du Mal. Faire son devoir signifierait donc, en toute logique, faire le bien. Cependant, si nous n’avons pas conscience du même bien, faire son devoir, cela a-t-il un sens ? Pourquoi faisons nous notre devoir si nous n’avons pas la certitude que cela nous est profitable ? Par exemple, dans le compte rendu du procès d’Eichmann pour crime contre l’humanité à Jérusalem relaté par Hannah Arendt (Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal), Eichmann fait référence à l’impératif catégorique de Kant (Fondements de la métaphysique des mœurs) pour justifier ses actions. Pour lui, un ordre se devait d’être accompli. Se trouvait dans ce raisonnement le principe du devoir selon un officiel nazi, d’où la terrible « banalité du mal » expliquée par Hannah Arendt. Une question résulte de cet exemple. Faisons nous notre devoir car c’est une obligation morale ou par mimétisme ? Dans la République, Platon explique que l’homme juste, celui qui accomplit son devoir n’est pas négligé par son prochain. On peut donc se dire que le devoir n’est pas désintéressé. Pourtant, selon Kant, l’homme doit faire le bien par devoir et non par inclination. Dans un premier temps nous verrons que l’Homme fait son devoir