Professionnalisation du dialogue social
un nouveau danger pour le syndicalisme indépendant
L’ORSE (observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) a publié en septembre 2009 un rapport intitulé : « la responsabilité sociétale des entreprises, un levier de transformation du dialogue social ». Rapport qui se traduit concrètement dans quelques accords de type « dialogue social » (Areva, Axa, Ville de Suresnes).
Le « dialogue social » dont il s’agit est une appellation frelatée pour des rapports sociaux placés sous le signe du consensus. Autrement dit sous le signe de la soumission de la classe ouvrière à l’objectif du « bien commun » ou de l’association capital-travail. Une doctrine sociale bien connue, qui a pour effet sinon pour objet de faire taire les revendications, et qui inspire également la « GPEC » (gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences).
La « RSE » quant à elle prétend que l’entreprise doit s’assurer du bien-être de ses salariés (sic) en tant qu’individus, et pour ce faire prendre en compte les nouvelles contraintes sociétales (environnement, développement durable, droits de l’homme, etc.). Cette conception peut aller jusqu’à intégrer une démarche politique (ou temporelle pourrait-on dire), en témoigne par exemple la transformation du Conseil National du Patronat Français en Mouvement des Entreprises de France, équivalent patronal du parti syndical incarné par la CFDT. Qu’on ne se méprenne pas cependant sur leurs « bonnes » intentions : il s’agit avant tout de « saisir des opportunités d’améliorer la performance des entreprises », c’est-à-dire d’augmenter les profits.
Sous cet angle, les mouvements politiques et syndicaux soi-disant alternatifs, prônant un autre capitalisme pour une autre gestion de la planète, les ONG environnementales ou non, les cabinets de « notation sociale » (à l’instar de Vigéo fondé par Notat ex secrétaire générale de la CFDT) apparaissent pour ce qu’ils sont : au mieux des naïfs