Protectionnisme et limites emploi
Le débat sur les délocalisations génère très régulièrement dans l'actualité un ensemble de reportages qui insistent sur les effets immédiats négatifs en termes d'emplois industriels locaux. La vision présentée reste trop souvent manichéenne, même si elle met à juste titre en exergue les effets sociaux et psychologiques dévastateurs pour ceux qui en sont victimes. Les effets macroéconomiques ardus à mettre en évidence au niveau du grand public sont évidemment plus complexes. Les changements en cours qui affectent la division internationale du travail entraînent une recomposition de l'emploi, notamment au niveau industriel. Les changements tant quantitatifs que qualitatifs amènent à se questionner sur la pertinence d'un retour de certaines politiques protectionnistes.
Nous présenterons dans un premier temps les arguments favorables à des mesures protectionnistes pour l'emploi dans les pays industrialisés, puis nous en montrerons les limites.
I. Arguments favorables à des mesures protectionnistes pour l'emploi
Il s'agira tout d'abord de dresser un rapide constat concernant le lien possible existant entre libre-échange et emploi, puis d'évaluer les objectifs et modalités du protectionnisme.
1. Constat chiffré
a) La mise en place d'une nouvelle division internationale du travail a sensiblement modifié la répartition de l'emploi entre pays du Nord et du Sud depuis 25 ans. À titre d'exemple, on constate que les taux d'importation ont fortement progressé en France dans des branches d'industrialisation ancienne. Par exemple, le taux dans la branche habillement et cuir est passé de 50 à 112 % de 1990 à 2003, le niveau des importations dépassant aujourd'hui le volume de la production nationale. Dans le même temps, le nombre d'emplois a fortement chuté dans les deux secteurs présentés dans le document 1 (questions 1 et 2).
b) Au niveau global, la restructuration de l'emploi est importante entre les pays. L'emploi industriel a fortement chuté