Proust analyse
Dans « Le Pavé de Venise », extrait du livre « A la recherche du temps perdu, Le Temps retrouvé », Marcel Proust évoque un personnage qui entre dans la cour de l’hôtel de Guermantes à Paris et marche sur des pavés, en butant sur l’un d’eux, son esprit est bouleversé par différents souvenirs.
La surprise ici éprouvée par le narrateur lorsque survient la réminiscence, en heurtant le pavé, lui fait affronter le ridicule tellement il se sent heureux. Il repense à Venise, il essaye de s’en souvenir, les images qu’il évoque sont des images lumineuses, éblouissantes mais insaisissables, comme irréelles. Cette évocation du souvenir le rend heureux mais celle-ci n’est pas liée à un bonheur originel. Le texte présente alors pour illustrer cette vision un large champ lexical du bonheur « félicité », « enchantement », « joie », transportant ainsi l’auteur dans son imagination la plus profonde. On note le recours au style direct, comme dans un dialogue avec l’invisible. La magie seule dans un premier temps domine : toute tristesse s’envole !
De plus, le cadre dans lequel se trouve le personnage, la cour de l’hôtel particulier des Guermantes à Paris, montre une opposition entre deux mondes, le monde matériel, avec les voitures, le pavé de la cour, et la vision intérieure magnifique du narrateur, ses pensées. Sa vision (sa réminiscence) n’apparaît alors qu’à condition que le narrateur fasse abstraction du monde matériel et se concentre sur son monde intérieur.
Dans cet extrait, la répétition d’une expérience déjà faite par le narrateur avec la fameuse madeleine, qui renvoyait à un épisode de son enfance à Combray permet d’approfondir la notion du souvenir. L’un, volontaire, effort de l’intelligence, est dénigré tandis que l’autre, souvenir involontaire, rend le passé de manière sensuelle, riche, « cru reconnaître ». L’auteur transforme alors la réalité en un univers métaphorique.
La cause du souvenir est l’identité de deux sensations