Quelle conception de l’histoire se dégage du salut dans les mémoires de de gaulle?
DG disait de ses Mémoires, selon Alain Larcan : « Ce n’est pas un ouvrage d’histoire, mais le témoignage d’un homme, donc faillible et incomplet ». A la croisée du récit historique et de l’autobiographie, le genre des Mémoires pose nécessairement la question de l’écriture de l’histoire. Dans le dernier tome de ses Mémoires de guerre, Le Salut, le général de Gaulle raconte les derniers mois de la Seconde guerre mondiale et les premiers mois de l’immédiat après-guerre. Il s’agit donc d’un moment important de l’histoire nationale, au cours duquel l’auteur a joué un rôle majeur, un rôle que son œuvre tend à mettre en valeur. De Gaulle apparaît ainsi à la fois comme celui qui fait l’histoire et celui qui écrit l’histoire. Il faut prendre en compte cette double dimension, celle de l’action et celle de l’écriture, et les liens qui se tissent entre les deux, pour étudier la conception de l’histoire qui se dégage du Salut.
I. La dimension historienne du Salut
Le Salut répond par certains aspects à une démarche d’historien (démarche traditionnelle et datée, néanmoins…).
A. Une histoire à dominante politique et militaire
Même si le contexte de fin de guerre et de tension politique en France l’explique en grande partie, la dominante politique et militaire du récit dans Le Salut correspond aussi à une conception traditionnelle de l’histoire, histoire militaire et histoire des grands dirigeants. Histoire militaire : place prise par les considérations stratégiques (en lien d’ailleurs avec des enjeux politiques, cf. les premières pages du chp « La victoire »), récit émaillé de portraits de généraux et chefs militaires, (français, mais aussi Eisenhower). Histoire politique : personnalités politiques françaises, mais aussi étrangères (Staline, Truman, etc.) sont régulièrement mises en scène. Voir également, dans le portrait d’Hitler, à quel point la montée du nazisme est évoquée dans une perspective centrée sur la