Religion(s) dans le Contrat Social de J.-J Rousseau
Le parcours religieux du penseur Jean-Jacques Rousseau est pour le moins atypique. Né en 1712 citoyen de la République réformée de Genève, avant d’être confié à ses dix ans, au pasteur Lambercier dans le village champêtre de Bossey. Il y reçoit une éducation dont il n’a rien oublié, d’un homme « fort raisonnable ».1 Six ans plus tard, au contact de Mme de Warens, il se convertit au Catholicisme, et c’est seulement 26 ans plus tard, en 1754, qu’en retournant à Genève, il reprend la confession protestante, en qualifiant son ancienne conversion de « mensonge au St. Esprit ».2
Le parcours religieux de Rousseau est n’est pas anodin pour l’étude de ses pensées sur la politique, notamment du Contrat social, car la religion y joue un rôle important. Le chapitre qui lui a été consacrée est pour le moins complexe, bien qu’à première vue sa fonction paraisse simple. Ce chapitre sur la religion ne figurait pas sur la première version du manuscrit fournit à l’éditeur en 1760, et n’a seulement été rajouté qu’ensuite par Rousseau, qui voulait apparemment préciser son importance pour le contrat social.3 Il apparaît en avant dernière position du Contrat Social, mais est considéré comme la véritable conclusion de l’ouvrage.
Le contrat social, résumé brièvement, fait partie du projet politique de Rousseau, qui a élaboré un système politique idéal ou chaque citoyen est souverain. Son but est la liberté de tous les membres du souverain, et elle s’exprime par la volonté générale. Le pacte social est inspiré par le « Législateur », sorte d’être surhumain, qui, lorsque les hommes à l’état de nature, contraint de se rassembler pour survivre, sont en passe d’accéder à l’état civil, leur montre la voie du lien social et les guide vers cet état civil en devenir. L’idée est de pouvoir profiter de la raison naissante propre à l’état civil, sans perdre pour autant la simplicité et la bonté propre à l’homme de l’état de nature. Le peuple