roland barthes
Littéralité et création cinématographique Vincent Bonnet
Lignes de fuite
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Littéralité et création cinématographique
Diplômé en photographie de l'Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, Vincent Bonnet est, parallèlement à son doctorat en études cinématographiques (Université de Provence), codirecteur artistique de La Compagnie (Marseille). Il propose ici une approche opératoire de la littéralité dans le champ des études cinématographiques
Littéralité et création cinématographique : une lecture littéraliste de Lettre à Freddy Buache à propos d'un court métrage sur la ville de Lausanne de Jean-Luc Godard » [1].
La littéralité renvoie historiquement, par définition, à la littérature, à l'écrit ou au texte : à tout ce qui se compose de lettres. La notion a été principalement théorisée et pratiquée dans le champ de l'écriture poétique, en France, à partir des années soixante-dix, entre autre par Emmanuel Hocquard,
Claude Royet-Journoud et Jean-Marie Gleize, dans la lignée des objectivistes américains des années trente. Les pratiques de ces auteurs se sont construites dans le refus d'une écriture qui renverrait à autre chose qu'à elle-même. Elles se fondent sur l'impossibilité de l'image littéraire en général et de la métaphore en particulier. Ces écritures sont souvent travaillées dans un souci de réflexivité critique et de rigueur formelle, et se concentrent sur les actes qui leur donnent naissance
[2]. En faisant le constat réflexif de l'irréductibilité des mots et des choses dans le champ littéraire, ces écritures postulent, en acte, que les mots sont des choses, un point c'est tout. Ainsi, Claude
Royet-Journoud écrit qu'il faut : « Remplacer l'image par le mot image. » [3]. C'est un des nœuds de l'approche littérale. Mais la littéralité d'un film, un film à la lettre : quel sens cela peut-il avoir ?
Neil Fornalik note dans une étude cinématographique que « la dimension