Récit d'invention de la descente aux enfers d'orphée

961 mots 4 pages
J'étais assise sur une chaise dans cette pièce sombre, la cave je crois, ou le garage peut-être. Les lumières étaient éteintes. Les bruits de la fête me parvenaient effacés, comme si elles venaient d'un autre monde. Je ne sais plus combien de temps je l'ai attendu, mais la porte s'ouvrit sur un garçon. Il était très grand, très mince, je ne distinguais pas son visage dans l'obscurité. Il s'approcha de moi et une odeur forte d'alcool me parvint, me soulevant le cœur. Il s'accroupit à mon côté, il prit mon bras avec rudesse et noua ce qui devait être un morceau de tissu au-dessus de mon coude pour faire un garrot. Il était trop serré. J'avais l'impression que les fibres de ce tissu me grignotait la peau. Il me démangeait. Je n'avais qu'une envie, passer les doigts de mon bras libre entre le garrot et ma chair avant que celui-ci n'ai le temps de ronger mon bras. L'homme se releva et se pencha sur mon oreille. Son haleine chaude fit frissonner mon corps tout entier. « Tu es toujours partante ? ». Sa voix était froide, sans expression. Je hochais la tête, au ralentis. Une tension me serrait les poumons et paralysait mon corps. Alors tout ce passa très vite. Le grand maigre sortit quelque chose de sa poche. Il chercha ma veine à tâtons dans le creux de mon coude. Je serrais les dents et pensais « Victor l'a déjà fait lui. Attend-moi Victor, Victor j'arrive ...». L'aiguille s'enfonça dans ma peau. Je sursautais. Je sentis alors le liquide froid se répandre dans mes veines, remontant dans mon bras tel un serpent agressif et venimeux. La vipère toxique alla se loger au fond de ma poitrine, guettant le moment venu pour mordre sa proie. Le dernier souvenir que j'avais de l'homme était lorsque qu'il était parti en disant : « Si on te le demande, tu ne m'as jamais vue ». Après un long moment scotché à ma chaise, je me relevais d'un coup, poussée par une force et une énergie indomptée. Inconnue. Mais je n'avais pas peur. Je savais. Je savais que je rejoindrai Victor. J'étais

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